Tourisme médical aux États-Unis

Tourisme médicalDes milliers de Canadiens se rendent aux États-Unis pour y subir une intervention chirurgicale, bien que le pays dispose d’un excellent système de soins de santé universels pour tous ses citoyens.

Aux États-Unis, on croit fermement qu’un système de santé de type canadien est la panacée aux problèmes de santé des Américains.

Certains experts en soins de santé aux États-Unis (en particulier ceux qui n’ont jamais eu recours aux soins de santé au Canada) semblent penser qu’un tel système à payeur unique permettra de fournir des soins de santé équitables, rationnels et justes à tous les Américains.

Un aperçu des soins de santé universels au CanadaDrapeau canadien

Le système de santé canadien actuel a vu le jour il y a environ un demi-siècle, en 1962.

Le système de soins de santé repose sur cinq principes de base imposés par la loi canadienne sur les soins de santé :

  • Tous les Canadiens auraient accès aux soins de santé
  • Les services médicaux de base, y compris les soins préventifs, seraient inclus
  • Le système fournirait des soins de santé à tous les Canadiens, indépendamment de leur situation financière ou sociale.
  • Le système serait transférable, ce qui signifie qu’un Canadien vivant dans une province pourrait déménager dans une autre province et bénéficier gratuitement de la même couverture médicale
  • Le système de soins de santé serait administré par chaque province de manière transparente.

La loi canadienne sur la santé stipule en outre que toutes les provinces doivent fournir à leurs résidents les services de santé essentiels.

Cela signifie que si vous vous rendez dans un hôpital canadien, vous n’aurez pas besoin d’une carte de crédit mais d’une carte de santé canadienne – si vous ne l’avez pas sur vous, votre permis de conduire ou une autre pièce d’identité fera tout aussi bien l’affaire – un système basé sur la confiance et l’honnêteté (malheureusement, ce système d’honnêteté ne fonctionne plus car de nombreux touristes ont abusé du système).

Pendant les trente premières années, le système de santé canadien a très bien fonctionné : la population était inférieure à dix millions d’habitants et il y avait suffisamment d’hôpitaux et de médecins.

Cependant, le mécontentement a commencé à se manifester au milieu des années 80, lorsque le pays a connu une augmentation de l’immigration, mais pas de nouveaux hôpitaux et un nombre limité de médecins. De plus, les baby-boomers arrivaient à l’âge de la retraite et avaient besoin de plus de services de soins de santé pour leurs maladies chroniques.

Il convient également de noter qu’au Canada, près de 90 % des médecins sont des généralistes et seulement 10 % environ sont des spécialistes. Ces médecins généralistes sont les gardiens des soins de santé – ils décident du moment où le patient est orienté vers un spécialiste, et cette attente peut être très longue, quelle que soit l’affection du patient.

Dr. Nakul Karkare - Chirurgien orthopédique à New YorkComment se déroule une arthroplastie du genou à l’étranger ?

On peut se rendre dans n’importe quel hôpital pour un traitement d’urgence, un traitement médical facultatif ou une intervention chirurgicale. Le nombre de fois où l’on peut consulter un médecin ou aller aux urgences n’est pas limité – le seul problème est le long temps d’attente et les frais de stationnement.

Tous les hôpitaux canadiens pratiquent des tarifs de stationnement exorbitants (4 à 8 dollars pour 45 à 60 minutes est la norme). Ces parkings sont gérés par les administrateurs et rapportent des centaines de millions de dollars chaque année.

Pour les chômeurs, les personnes âgées, les handicapés ou les personnes vivant en dessous du seuil de pauvreté, le gouvernement provincial local fournit des prestations sociales et de santé telles que des médicaments sur ordonnance à bas prix, une couverture dentaire de base et des services de réadaptation limités (Kracker 2001).

Toutefois, à l’instar du système américain, le système canadien à payeur unique ne couvre pas la chirurgie plastique pour des raisons esthétiques : si vous voulez de plus gros seins ou un visage sans rides, vous devez payer pour cela.

Par ailleurs, si vous êtes malade et avez besoin d’être admis, vous serez admis et vous n’aurez rien à payer – bien sûr, en raison du manque de lits, vous devrez peut-être dormir aux urgences (Puxley, 2013).

Comment les soins de santé au Canada sont-ils financés ?

Argent et pilulesLe système de santé canadien est basé sur le modèle du « payeur unique », ce qui signifie que tous les fonds destinés à couvrir les coûts des soins de santé proviennent du gouvernement fédéral.

Le gouvernement fédéral qui administre une somme forfaitaire à chaque province en fonction de la population et des besoins (Irvine & Ferguson 2002). Il appartient aux provinces de gérer la répartition de l’argent et les services à offrir.

Les professionnels de la santé canadiens travaillent soit dans le secteur privé, soit dans les hôpitaux publics locaux. Il n’y a pas d’hôpitaux privés comme aux États-Unis. Chaque médecin qui reçoit un patient facture à l’administration locale les services fournis.

Contrairement aux États-Unis, il existe très peu de compagnies d’assurance maladie au Canada et elles ne couvrent que les services supplémentaires tels que les soins dentaires, la rééducation prolongée, la podologie ou les visites chez l’opticien (aucun de ces services n’est couvert par la loi canadienne sur les soins de santé).

Quels sont les salaires des médecins canadiens ?
Se tenir debout sur des piles d'argent liquideDe nombreux Américains croient à tort que les prestataires de soins de santé canadiens sont mal payés. Les données les plus récentes révèlent qu’un médecin généraliste gagne plus de 300 000 dollars par an et que de nombreux ophtalmologues gagnent plusieurs millions par an (Picard, 2013). Contrairement aux États-Unis, la gestion d’un cabinet de soins de santé au Canada est également beaucoup moins onéreuse.

La raison en est que les formalités administratives sont moins lourdes et qu’il n’est pas nécessaire de traiter avec plusieurs centaines de compagnies d’assurance pour obtenir une autorisation préalable. En outre, les prestataires de soins de santé canadiens ne passent pas des heures interminables au téléphone à essayer de parler à une caisse d’assurance maladie pour déterminer quel service de santé est couvert.

En tant que patient, à condition d’être le premier dans la file d’attente, le service de santé n’est pas très différent de celui obtenu au Canada. Cependant, il existe encore des disparités dans la qualité des soins selon l’endroit où l’on vit au Canada. Les Canadiens qui vivent dans les régions rurales du pays ont tendance à recevoir des soins de moindre qualité, principalement en raison du manque d’infrastructures et de personnel de santé (les médecins n’aiment pas travailler dans les provinces où les hivers durent 9 mois).

Qu’en est-il des fautes médicales au Canada ?
Le système de santé canadien se caractérise également par le fait que les litiges relatifs aux fautes médicales sont inexistants. Ce n’est pas parce que les médecins canadiens sont plus compétents ou plus intelligents, mais parce qu’il est difficile de poursuivre le payeur unique qu’est le gouvernement. En outre, la plupart des médecins canadiens ont tendance à protéger leurs intérêts et agissent rarement comme des « porte-flingues » pour les avocats contre d’autres médecins.
juridique
La négligence médicale et les blessures infligées aux patients par les chirurgiens sont assez courantes au Canada. La seule raison pour laquelle les Canadiens ne poursuivent pas les médecins est qu’ils ont l’impression de bénéficier de soins de santé gratuits et que leurs attentes à l’égard des médecins canadiens sont donc moindres.

Un rapport récent des médias indique que près de 70 000 patients au Canada subissent une blessure grave PRÉVISIBLE aux mains des médecins, et que près de 23 000 personnes meurent à cause d' »événements indésirables ». On pense généralement que les erreurs médicales sont beaucoup plus nombreuses au Canada, malgré les nombreux efforts déployés pour introduire le contrôle de la qualité et la sécurité dans le système.

Comme la plupart des choses au Canada, il y a peu de transparence et le corps médical reconnaît rarement ces erreurs. Dans la plupart des cas, il est indiqué qu’un examen sera effectué et un pansement antiseptique est appliqué pour apaiser le public. La plupart des cas de blessures et de négligences médicales sont cachés et invisibles pour le grand public. Même en cas de faute professionnelle, les indemnités accordées sont minimes et n’incluent jamais les coûts à vie. L’assurance médicale des médecins canadiens est donc également très faible (Robinson 2008).

Financement du programme
Qui paie donc les soins de santé au Canada ? Le gouvernement canadien entretient un mythe gigantesque selon lequel les soins de santé sont gratuits pour les Canadiens. Il s’agit d’un mensonge important. S’il est vrai que l’essentiel du financement de tous les services de santé provient du gouvernement fédéral, il convient de se demander où le gouvernement trouve son ARGENT. Eh bien, il provient des impôts.

impôtsLes Canadiens font partie des personnes les plus lourdement taxées de la planète – il n’y a absolument rien de gratuit dans le système de santé canadien. En moyenne, un travailleur canadien paie entre 4 000 et 9 000 dollars par an uniquement pour les soins de santé. Le montant des impôts dépend du salaire.

Cela n’est pas très différent des primes de soins de santé aux États-Unis, qui s’élèvent en moyenne à 6-12 000 dollars par an. Apparemment, de nombreux Canadiens ne savent pas lire leur feuille d’impôt et ne comprennent jamais ces déductions importantes.

Les inconvénients du système de santé canadien

Longues attentes :
Les données publiées par Statistique Canada en 2001 ont révélé que le gouvernement dépensait environ 3 000 dollars par Canadien pour les soins de santé, ce qui est similaire à ce qu’un Américain en bonne santé paie pour ses primes d’assurance. On pourrait donc penser que le système de santé au Canada est efficace et fantastique ? Il suffit d’entrer dans une salle d’urgence ou de consulter un spécialiste n’importe où au Canada pour constater à quel point le système est mauvais.

lignesLa plainte la plus fréquente de la plupart des Canadiens concerne les longs délais pour consulter un spécialiste ou les attentes aux urgences. Les temps d’attente moyens aux urgences peuvent varier de 8 à 24 heures, indépendamment de l’heure ou de l’urgence du patient (Chua 2005, Pipes 2004). Même aux urgences, il faut des heures avant qu’un médecin ne s’occupe de vous et si vous devez être admis, préparez-vous à dormir dans le couloir pendant des semaines, car il n’y a généralement pas de lits dans la plupart des hôpitaux (Hildebrand, 2014).

Délais et retards
Lorsqu’il s’agit d’une intervention chirurgicale, les délais sont longs. Sauf en cas d’urgence, il est fort probable que vous attendiez (Esmail & Walker 2005). Les délais d’attente pour la neurochirurgie, les opérations à cœur ouvert, l’urologie et l’orthopédie peuvent atteindre 6 à 12 mois, même si vous souffrez d’une maladie mortelle ou d’un cancer.

Il y a plus d’examens d’IRM et de tomodensitométrie dans la ville voisine de Buffalo, dans l’État de New York, que dans l’ensemble de la province de l’Ontario, qui est 20 fois plus grande. Pour obtenir une IRM, vous devrez peut-être attendre de 2 à 6 mois. Il n’est donc pas rare que de nombreux Canadiens se rendent en voiture à la frontière américaine pour passer un scanner ou une IRM dans un hôpital américain. En fait, la province de l’Alberta rembourse même les patients qui recherchent une opération ou un service médicalement nécessaire qui n’est pas disponible au Canada (Cihak 2004).

Médicaments sur ordonnance :
droguesLes Canadiens paient des prix parmi les plus élevés pour les médicaments sur ordonnance parce qu’il n’y a pas de régime universel d’assurance-médicaments. Pour la plupart des Canadiens, les pharmaciens prescrivent généralement des génériques et des médicaments mis au point il y a 30 ans.

Seules les personnes bénéficiant d’une assurance extra-entreprise obtiennent les médicaments de prescription les plus récents. Si un individu veut le dernier médicament, il doit payer de sa poche.

Le coût des médicaments sur ordonnance au Canada est astronomique et peut facilement atteindre des centaines de dollars par mois.

De nombreux rapports indiquent que de nombreux Canadiens ne remplissent pas leurs ordonnances ou ne prennent pas leurs médicaments pour des troubles chroniques.

Soins aux personnes âgées

seniorÀ en juger par les rapports, plus de 60 % des personnes âgées estiment que l’attente avant d’entrer dans une maison de retraite est beaucoup trop longue. Il faut compter en moyenne 6 à 12 mois avant d’obtenir une place.

Plus important encore, de nombreuses personnes âgées s’inquiètent de l’accès à des maisons de retraite de qualité – les plaintes pour mauvais soins et négligence à l’égard des résidents des établissements de soins de longue durée sont des événements quotidiens.

Nombreux sont ceux qui estiment que le gouvernement a tout simplement négligé les personnes âgées, les laissant sans aucune ressource. En 2015, le placement d’une personne âgée dans un établissement de longue durée était associé à un délai de 6 à 18 mois et à des coûts mensuels exorbitants.

Comment se porte le système aujourd’hui ?

criAu cours de la dernière décennie, de nombreuses enquêtes ont montré que les Canadiens se plaignent davantage du système de santé que l’année précédente.

En 2015, le sentiment général du public était que le système de santé devait être modernisé, révisé et remis à neuf.

La majorité des Canadiens interrogés en 2015 ont estimé que le système de santé n’était pas sûr et qu’il se dégradait rapidement. Ces sentiments n’ont pas été aidés par les rapports quasi hebdomadaires sur les temps d’attente prolongés aux urgences et l’impossibilité de consulter des spécialistes pendant des mois.

Presque tous les Canadiens connaissent un ami ou un membre de leur famille qui n’a pas les moyens de payer ces médicaments au prix exorbitant et qui, par conséquent, a cessé de les prendre ou a retardé le renouvellement de l’ordonnance.

Telle est malheureusement la dure réalité du système de santé. Le public semble avoir perdu confiance dans les hôpitaux et les centres de soins de longue durée. En 2015, d’innombrables rapports ont fait état de personnes âgées incapables de trouver un logement et de nombreux cas d’infections iatrogènes et de chutes ont été recensés dans les hôpitaux de l’ensemble du pays.

En fait, dans la province du Manitoba, certains patients ont attendu plus de 24 heures et sont morts aux urgences. Aujourd’hui, les préoccupations relatives au système de soins de santé sont devenues une priorité nationale, au même titre que le chômage, les impôts et la corruption.

En conclusion

médecinCe qui est remarquable aujourd’hui, c’est que plus de ¾ des Canadiens ont perdu confiance dans le système de santé.

Bien qu’ils soient plus enclins à croire les médecins et les infirmières, la plupart des Canadiens se sont éloignés des administrateurs d’hôpitaux en raison de leurs approches irréalistes des soins de santé.

Avec l’introduction des dossiers médicaux électroniques pour améliorer l’efficacité du système et éliminer la fraude, la plupart des gens pensent qu’il y a encore trop de problèmes de sécurité et de protection de la vie privée qui doivent être résolus.

La seule chose que la plupart des Canadiens espèrent pour 2016, c’est que les hôpitaux se débarrassent des parkings coûteux, qui leur soutirent des milliards de dollars depuis des décennies. Les administrateurs des hôpitaux semblent insensibles à l’impact de cette situation sur les patients et leurs familles. À moins d’un événement radical, l’année 2016 suivra la même tendance que l’année 2015.

Il ne fait aucun doute qu’un système à payeur unique présente de nombreux avantages et est bon marché, mais en réalité, il s’agit d’un système inefficace de prestation de soins de santé. Les programmes gouvernementaux sont toujours entachés de bureaucratie et cela s’applique également au système de santé canadien.

Comme tous les pays occidentaux, le Canada a connu une forte augmentation de sa population vieillissante et les nouveaux progrès de la médecine et de la chirurgie continuent d’être coûteux. Pour contrer cette explosion des demandes budgétaires des provinces en matière de soins de santé, le Canada a trouvé un nouveau moyen de contrôler les soins de santé : le rationnement (Gratzer 2002). Si vous êtes âgé et que vous avez besoin d’une prothèse de hanche, d’un stimulateur cardiaque ou d’une greffe de cornée, vous ne l’obtiendrez pas.

Références :

Picard, A. Combien les médecins canadiens sont-ils payés ?

Blackwell, T. (2015). Dans le monde secret des erreurs médicales au Canada : « Il y a beaucoup de mensonges, beaucoup de dissimulations ».

Puxley, C.(2013). Brian Sinclair : L’homme décédé après 34 heures d’attente à l’hôpital de Winnipeg était supposé être en train de dormir après avoir vomi.

Hildebrand, A.(2014). Les temps d’attente aux urgences des hôpitaux révèlent certaines attentes « inquiétantes ».

Deber R (2003). « Réforme des soins de santé : Les leçons du Canada. » Am J Pub Health Jan ; 93(1):20-24.

Detsky AS, Naylor CD (2003). Le système de santé canadien : la réforme est retardée. N Engl J Med 349:804-810

Esmail N, Walker M (2005). En attendant son tour : les listes d’attente dans les hôpitaux au Canada (15e édition). Vancouver, B.C., Canada : Fraser Institute, octobre (consulté le 30 mars 2006 à l’adresse .)

Frogue, J, Gratzer, D, Evans, T, Teske, R (2001). « Buyer Beware (Attention à l’acheteur) : L’échec du système à payeur unique Soins de santé. Conférences sur le patrimoine No. 702, The Heritage Foundation.

Gratzer, D (2002) Better Medicine, Reforming Canadian Health Care, ECW Press, Ontario.

Irvine B, Ferguson S (2002). Note d’information : Le système de santé canadien.

Kraker, D. La cure canadienne. En ligne.

Lewis, S. et al (2001). « L’avenir des soins de santé au Canada ». BMJ ; 323 ; 926-929. Octobre

Pipes SC (2004) « Health Care, Canadian Style« , FoxNews.com, 18 septembre.

Reinhardt U et al(2004). Les dépenses de santé aux États-Unis dans un contexte international. Health Affairs, mai/juin ; 23(3) : 10-25.

Robinson S (2004). Briser les mythes sur les soins de santé au Canada. Campagne pour l’avenir de l’Amérique.

Le secteur des actions (2001). Le système de santé canadien.

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